Une piste d’huile

J’attends le bus. Je m’installe sur l’unique banc vide. Une jeune femme vêtue d’un sari vert attend avec moi.


La vieille est toujours là. Des enfants jouent autour d’elle. Elle est couverte de boue. Plusieurs saisons ont laissés des traces sur elle. Elle a du être très belle. Abandonnée au bord d’une méchante route. Une route bordée de sombres magasins, sales et bruyants : un atelier d’ automobiles, une boucherie, un chai-wallah. Une piste d’huile, la queue d’un chéval. Un tuyau. Des ordures partout.

Indifférente, au milieu de toute cette laideur moderne, la vieille continue d’exister. Immobile. Seule, elle reste dans son coin. Cachée et isolée de ce monde. Un monde qui ne lui appartient plus. Délaissée pour une autre. Plus jeune. Plus moderne. Elle a été belle elle aussi.

Des parebrises brisés. Des vitres absentes. Des pneus envahis par une terre affamée, la vieille voiture résiste encore. Des chats s’y traînassent. Un chien pisse longuement sur une roue sale. La vieille tolére tout.


Tout a changé.


Elle a du être très jeune. Très belle. Elle a du être aimée par sa famille, soignée par quelqu’uns et enviée par tous.

Aujourd’hui, la vieille resiste encore. Elle rêve à ses caresses d’antan. Le soleil qui a rendu sa jeuness plus brillante, plus lumineuse. Quand les gouttes d’eau sont tombées sur elle. Une sensation inexplicable et une sensualité ancienne se réveillent et la rajeunit. Un sentiment d’être lavée au torrent. Une joie de renaître. La puissance qu’elle a sentie jadis en brisant le vent. Aujourd’hui le même vent la ridiculise et prépare sa fin jour après jour. Il lui prepare un termitier, un tombeau de sable. Elle ne réagit pas. Elle accepte. Elle attend.

Des bruits partout. Il y a un va-et-vient continuel des gens. Un qui attend, un qui part. Des sons s’élevent et se baissent. Comme les vagues. Comme le vent. Une sirène appelle furieusement. Une chanson qui perd son rythme. Un monde qui perd son sens.

La vieille garde son silence. Un silence aux souvenirs douloureux avec tous ses avenirs imprévisibles.

Ni douleur, ni crainte, ni désir, ni plaisir. Le seul chose qui reste, c’est elle et sa solitude. La vieille doit se reposer. Elle est épuisée, usée. Elle a appris beaucoup, elle a oubliée plus. Il faut qu’elle s’arrête. Surtout pas. Elle a peur de cette césure qui la menace. Elle doit continuer malgré sa fatigue. Si elle a une chance…. Elle ne veut pas être bannie, elle ne veut pas être éloigné. Un lourd séjour long et silencieux. La vieille dure encore. Les réponses elle manquent. Des questions elle dépassent. Elle continue d’attendre.


La jeune femme vêtue d’un sari vert s’installe près de la fenêtre. Le bus démarre lentement. La vieille disparaît petit à petit.


- This was the final story that I had written under the guidance of Madavane Sir in our Creative Writing classes. It seems so long ago...i guess it is a long time ago. It was 2002.

Comments

saQ said…
Hasta la vista, pasta la khasta, bitte unchtaegan...
Anonymous said…
Salut Sudie!!
Cette histoire m'a fait rêver donc j'ai pu imaginer la situation que tu voulais montrer au lecteur.
C'est super!
Est-ce que je peux la continuer ou c'est justement ce morceu-ci??

Gros bisous dès l'Espagne

María

Popular posts from this blog

I don't know yet...

Inspired by the Susan Boyle phenomena

Mumbai, meri jaan...